Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/21

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« Ils ne veulent pas se mettre sur le chemin » ! tout est là. Voilà le canadien d’aujourd’hui, inerte, passif, qui soupire et qui désire, mais qui, pour avoir ce qu’il désire, trouve que le moindre effort est déjà trop grand.

— Si M. Pelletier est élu, ah ! quel bonheur ! S’il ne l’est pas, ah ! c’est malheureux… et l’on se couche en répétant qu’il faut un changement de régime.

On s’attendait à une véritable révolution politique dans Québec-centre ; on ne savait sur quel candidat annexionniste arrêter son choix, tant il y en avait !… Tout d’un coup, plus d’annexion, plus de candidats. Que voit-on ? Tout simplement l’honorable Hector qui, pendant une semaine, n’a l’air de rien du tout, ne fait aucun bruit, donne tous ses contrats et décampe sans qu’on le sache à peine, laissant M. Joseph Hamel chargé d’inscrire ses partisans.

Meilleur lieutenant ne pouvait être choisi. M. Joseph Hamel, voilà un homme à réquisitions ![1] c’est un vrai Prussien. Il se met sur les chemins, celui-là. Ce n’est pas parce qu’il est marchand en gros et l’un des porte-bourses de Québec qu’il dédaigne les moyens de faire élire le candidat de son choix ; c’est au contraire à cause de cela qu’il se donne du mal. Aussi c’est sur lui que pleuvent les quolibets, les invectives, les attaques journalières. Mais quoi ! que fait donc M. Hamel, sinon ce que vous devriez faire vous-mêmes, plaignards libéraux toujours prêts à critiquer et à craindre, jamais à agir. Plût aux cieux que nous eussions dans nos rangs plusieurs Joseph Hamel ! nous pour-

  1. « Réquisition » est un mot passé dans la langue politique en Canada. On l’emploie pour sollicitation, demande, quelquefois pour enrôlement dans les rangs d’un parti.