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CHRONIQUES

merce naissant ; mais la Compagnie du Golfe était loin de se douter alors que le commerce avec les Provinces Maritimes prendrait le développement prodigieux qu’il a acquis depuis lors, et qu’il faudrait augmenter tous les ans le nombre des steamers, jusqu’à établir peut-être bientôt une ligne quotidienne.

Aujourd’hui, la ligne compte un steamer de mille tonneaux qui va jusqu’à Terreneuve, un autre de sept cent cinquante tonneaux, le Georgia, et quatre autres d’une capacité moindre, qui ont pour destination Pictou, dans la Nouvelle-Écosse. Ils arrêtent à tous les ports de mer qui se trouvent sur leur route, et mettent ainsi en communication régulière tous les centres de commerce.

La ligne du Golfe n’a pas servi seulement de moyen de transport ; elle a surtout facilité les relations des provinces entre elles et créé un esprit d’entreprise inconnu alors que les communications manquaient. Elle a tout développé, tout avivé sur son passage ; grâce à elle, les populations, qui habitent à cent lieues seulement de Québec, ne nous sont plus étrangères ; leurs ressources, leurs besoins, leurs progrès nous deviennent de plus en plus familiers. À la suite de l’établissement d’une ligne de steamers, d’autres communications sont devenues nécessaires ; il a fallu en conséquence créer des intermédiaires ou en augmenter le nombre ; les produits ont trouvé un débouché certain, et les ports sont sortis de cet isolement funeste qui les aurait condamnés à n’être éternellement que les petits entrepôts d’un trafic limité, purement local.