Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/272

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florissantes le long de la rivière Ristigouche. Anjourd’hui, il y a là des villages importants, tels que Bourdeau, Cross Point, surtout Campbelltown, et les deux plus belles fermes peut-être de l’Amérique anglaise, celles de M. Fraser et de M. Fergusson.

Dalhousie n’a ni gaz, ni trottoirs, ni aqueduc, ni rien de ce qui peut donner l’idée d’une ville telle que nous le concevons, mais c’est un entrepôt considérable de bois et de commerce de poisson. On y voit une prison et une cour qui ont l’air de simples résidences de campagne, et même une école militaire semblable à celles que nous avons le bonheur de posséder, quelques cottages çà et là sur les hauteurs, enveloppés dans des bosquets de sapins et d’épinettes ; voilà tout ce qui constitue l’ornementation de cette ville où s’arrêtent deux fois par semaine les steamers du Golfe et le Rothsay Castle, un grand vapeur qui fait le service de tous les ports du Nouveau-Brunswick, dans cette partie de la province.

Lorsqu’on arrive à la Baie des Chaleurs, le désir le plus légitime qui vient naturellement à l’esprit est bien d’avoir de la morue fraîche, des homards, des huîtres sortant de l’eau, du hareng et du saumon encore ruisselants de l’onde. Longtemps d’avance, le palais s’humecte à l’idée des jouissances que lui donnera le contact de ces chairs délicieuses dans leur succulente fraîcheur. On prendra des huîtres sur les bancs mêmes et on les ouvrira sur le rivage ; tous les jours une éblouissante morue, encore saturée des essences de la mer, viendra réjouir sa table ; on voit les homards à