Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/281

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y réservât un pouce de terrain pour ses batailles ; en outre, c’était une œuvre purement commerciale et chacun était impatient de voir compléter le grand Thorough fare qui apporterait sur le sol américain les produits de la Chine et du Japon.

« Ici, vous avez à peine le nombre d’ouvriers indispensables, et cela à des prix très élevés ; tout s’oppose au progrès de l’entreprise, le bas prix des soumissions, qui ruine presque tous les entrepreneurs, après en avoir réduit quelques-uns à déserter leurs obligations, l’hostilité d’un parti politique qui ne laisse au gouvernement d’autre alternative que de sacrifier les soumissionnaires et la marche même de l’ouvrage aux exigences de l’économie, le climat qui paralyse les travaux pendant plusieurs mois de l’année, l’inaptitude de presque tous les ouvriers et entrepreneurs à un genre d’ouvrage presque nouveau dans votre pays, les rapports inexacts des explorateurs qui, en trompant le gouvernement et le public, ont porté les soumissionnaires à sous-évaluer le coût de plusieurs sections où se trouvent des obstacles presque insurmontables ; enfin, cette dernière et puissante entrave créée par l’idée que l’Intercolonial n’est que l’affaire du gouvernement et que le public n’y a aucun intérêt… »

Peut-être y avait-il dans ces paroles de l’ingénieur américain de la bienveillance et une politesse poussée, jusqu’au lyrisme ; mais ce que je sais pertinemment, ce que j’ai vu de mes yeux, ce que j’ai appris par de nombreux témoignages, je vais vous le dire.


Lorsque MM. Bertrand et Berlinguet arrivèrent à