Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/283

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sections qui s’étendent depuis cet endroit jusqu’à Nipesiguit et qui comprennent en tout soixante-dix-huit milles ; je dirai plutôt que c’est une conquête de l’énergie, du talent, de la persévérance indomptable et du savoir faire de Messieurs Berlinguet et Bertrand qui ont eu l’entreprise de ces quatre sections, il y a trois ans.

Je ne m’expliquais pas pourquoi le chemin de fer du Pacifique américain, qui a neuf cents lieues de longueur, avait été fait en trois ans, tandis que l’Intercolonial, qui n’est long que de huit cents milles, n’était pas encore fini, et je taisais à ce sujet les comparaisons les plus déraisonnables. Aller sur les lieux, voir par soi-même, s’instruire par sa propre expérience, est un remède souverain pour toutes les erreurs ; je l’ai employé, et, maintenant, mes idées sont toutes différentes de ce qu’elles étaient.

Quand on a vu en détail cette partie du chemin que j’ai visitée, quand on connait le nombre et la nature des difficultés qu’il a fallu vaincre, et dont quelques-unes subsistent encore, on reste surpris du résultat et l’on se sent fier de ce que ce soient deux Canadiens-français qui aient fait le plus bel ouvrage sur toute la ligne. Les diverses constructions élevées par MM. Bertrand et Berlinguet sont vraiment monumentales ; ce sont même parfois des œuvres d’art auxquelles ils ont apporté la perfection, le poli et la finesse de l’architecture. J’ai vu des ingénieurs américains admirer les travaux de maçonnerie exécutés par nos deux compatriotes, et je les ai entendus dire qu’il n’y avait rien qui leur fût comparable aux États-Unis, tant pour la solidité que pour le fini du travail.