Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/327

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sont bien pour quelque chose ; tout seuls, nous n’aurions jamais pu produire tant de fromage que cela. On dira que c’est nous qui élevons et qui exploitons les bêtes-à-cornes ; soit. Toujours est-il que c’est là un grave symptôme, et que de pareils monceaux de fromage sont signe de temps. On ne se serait jamais douté, sans les indiscrétions de la statistique, qu’il y eût tant de bêtes-à-cornes utiles dans le Dominion. Que dire maintenant de ce qui adviendrait si elles se mêlaient toutes d’être aussi fertiles ?

Passons maintenant aux mines. Le Canadien se croit un fin-fin, il croit dire une grande chose lorsqu’il chante sur tous les tons « qu’il faut développer cette richesse naturelle, exploiter ce trésor de notre sol, » phrases de journaux et d’agents de colonisation. Eh bien ! il y a longtemps que ce trésor a été exploité. On a découvert dernièrement sur l’île Royale, dans le lac Supérieur, un certain nombre de mines de cuivre qui avaient été travaillées par une race d’hommes depuis longtemps disparue. Jusqu’où faut-il remonter pour retracer ce peuple éteint, je n’en sais rien ni ai-je envie de le savoir : je trouve que cela est tout simplement insupportable et que l’idée de progrès reçoit tous les jours de tels démentis, que c’est à dérouter les plus fermes croyances. On dirait que le grand livre de la nature est ouvert et refermé périodiquement pendant des siècles, mais que nous sommes seulement à une époque où il a été ouvert le plus largement ; voilà tout.

Depuis que les sciences naturelles ont été assises sur