Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/329

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mer ne découvrent dans leur esprit aucune vue d’avenir, aucune perspective d’un nouvel ordre politique ou moral.

L’image d’une perfection idéale et toujours fugitive ne s’est jamais présentée à l’esprit humain avec une force aussi transcendante et expansive que depuis les deux dernières générations. Les nations démocratiques et libres, placées en face des continuels changements qui se passent à chaque instant dans leur sein, toujours cherchant, tombant, se redressant, souvent déçues, jamais découragées, découvrent sans peine que rien ne les borne ni ne les fixe, et tendent incessamment vers cette grandeur immense qu’elles entrevoient confusément au bout de la longue carrière que l’humanité doit parcourir…

De tout ce dont je vous parle en ee moment, lecteur, il n’est jamais question dans le parlement provincial. Pourquoi ? Je ne saurais le dire en vérité. Et cependant, le procureur-général a l’habitude de passer à l’étamine de l’examen philosophique toutes les questions qui se présentent, et M. Bellerose ne se lève jamais que pour enfoncer Platon.

Ce qui prouve que nous sommes dans une époque de progrès incontestable, c’est qu’on vient de faire la plus grande des découvertes, à mon sens, une découverte exprès pour les parlements qui ont besoin, plus que toute autre institution, que le génie de l’inventeur vienne à leur secours. Cette découverte, c’est la tribune mécanique.