Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/358

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conséquent toute mon existence ne se borne pas à l’enveloppe qui entoure mon corps.

Je dis que si l’âme n’était pas immortelle, l’idée n’en pourrait même pas venir à l’homme. Comment lui viendrait-elle ? qu’est-ce qui pourrait la faire naître ? Mais cette idée tombe sous les sens…

Quelques-uns diront qu’elle n’est qu’une aspiration. Soit. Mais cette aspiration, quelle serait sa raison d’être si elle n’était pas justifiée ? Encore une fois, comment existerait-elle, comment surtout viendrait-elle au cœur de chaque homme, la même, oui toujours la même, partout, et dans tous les temps, si elle n’était pas comme une nécessité de son existence ?

Je sens que cette aspiration est invincible, qu’elle résiste à tous les chocs, à toutes les réfutations scientifiques, et c’est pour cela que je réponds sans hésiter à ceux qui demandent des preuves, que « l’immortalité de l’âme étant au-dessus de la science, ce n’est pas la science qui puisse la démontrer, ce n’est pas elle non plus qui puisse la détruire. »

Si l’âme n’était pas immortelle, l’homme ne pourrait pas vivre ; car le désespoir le prendrait à ses premiers pas dans le monde. Comment en effet résister aux déceptions, aux injustices, aux persécutions, à la méchanceté, aux illusions perdues, à ces peines profondes du cœur, plus cuisantes que toutes les blessures, si la certitude d’une vie plus heureuse ne soutenait pas la défaillance humaine ?

Et cette certitude l’accompagne dans toutes ses