Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/402

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rayons et de lumière ; devant vous s’étend l’île d’Orléans, cette île vraiment royale, aux bosquets touffus, aux paysages dorés, aux longues collines assoupies sous le soleil ; puis, au-delà, d’autres îles se succèdent à profusion dans le plus majestueux des fleuves ; vous suivez la côte du nord, cette série ininterrompue de montagnes formidables, coupées ça et là d’oasis enchanteresses, telles que Saint-Joachim, la baie Saint-Paul et ce petit paradis du Canada, la Malbaie, qui est un morceau de la Suisse jeté sur les Laurentides à travers l’océan. Vous voyez le cap Tourmente qui se dresse inopinément jusqu’à une hauteur de deux mille pieds, et que suivent d’autres montagnes dans un désordre grandiose, jusqu’à ce qu’elles atteignent le point culminant de la chaîne, le plateau des Éboulements, qui est à une hauteur de deux mille six cents pieds au-dessus du fleuve ; enfin Tadoussac et la far-famed rivière Saguenay, large en moyenne d’un demi-mille, profonde de huit cents pieds, avec des escarpements, des surprises, des changements à vue dont rien n’interrompt le cours sur une longueur de soixante-dix milles.

Vous voyez tout cela sur la rive nord. Puis, du côté sud, c’est Kamouraska, la Rivière-du-Loup, Cacouna, Rimouski, Kamouraska, l’endroit du plaisir ; Cacouna, le rendez-vous des fashionables et des dames qui ont des robes trop longues pour les porter à la ville ; la Rivière-du-Loup, pays de renom et qui attend, pour devenir un très grand centre commercial, qu’un chemin de fer le relie à Saint-Jean du Nouveau-Brunswîck. Déjà ce chemin de fer est en partie livré à la circulation, et l’on espère le voir complètement terminé en 1875 ; enfin, Rimouski, la future métropole du bas Saint--