Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/435

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sa tête et je ne lui dois rien, attendu qu’Horace, aussi généreux que stoïque, l’a payé pour nous deux.

Trois heures après notre départ d’Hébertville, nous arrivions au premier poste situé sur le lac et tenu par M. Ross, jeune homme de vingt et quelques années, au service de la compagnie de la Baie d’Hudson.

Un poste est une maison unique avec hangar, magasin, dépôt de provisions, autour de laquelle se groupent un certain nombre de cabanes indiennes. Malgré la cession au gouvernement canadien de l’immense étendue de territoire qu’elle possédait, la compagnie de la Baie d’Hudson a néanmoins conservé tous ses établissements, parmi lesquels se trouvent en première ligne les postes nombreux qui sont disséminés dans tout le Nord-Ouest britannique. La compagnie avait autrefois un droit de chasse exclusif, de sorte que les Indiens qui parcouraient, à la poursuite des fourrures, les vastes solitudes qui s’étendent des Montagnes Rocheuses au Labrador, ne pouvaient trafiquer qu’avec elle. À elle seule ils vendaient tous les produits de leur chasse et, en échange, recevaient des vêtements, des armes, des provisions… Depuis la cession du Nord-Ouest, la compagnie a perdu son monopole, mais les Indiens n’en continuent pas moins de trafiquer surtout avec elle, parce qu’elle a ses agents sur les lieux, parce que ses postes sont autant de centres de réunion et d’établissement depuis longtemps connus, parce que les Indiens sont toujours sûrs d’y trouver tout ce dont ils ont besoin en même temps qu’un marché régulier,