Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
CHRONIQUES

gante. L’esprit ne trouve pas à s’y relever de ses premières impressions et finit vite par en sentir le dégoût. En outre, dans ces campagnes du Nord, il fait souvent, même aux plus beaux jours d’été, un vent humide et froid qui porte dans l’âme la tristesse. La nature agonise dans ce pays où elle n’a que trois mois de chaleur incertaine pour se réchauffer. Ici, les fleurs naissent tard, jettent quelques parfums fugitifs, et s’étiolent bientôt sur leur tige, frappées par l’impitoyable vent de nord-est.

L’été passe comme ces brises molles qui apparaissent tout à coup sur une mer calme, et s’enfuient avant que le navire ait pu leur livrer ses voiles. Il répand à la hâte quelques rosées, verse quelques tièdes rayons, s’empresse de mûrir les grains, puis disparaît comme l’oiseau qui fuit un ciel inhospitalier.

Cette année surtout, il disparaîtra plus tôt que d’habitude, pour la bonne raison qu’il n’aura pas même paru. Il fait froid partout, il pleut partout, il grêle même quelquefois ; le foin surabonde, les champs regorgent, l’habitant jubile et le voyageur est gelé.

C’est là ce qu’on appelle la saison des chaleurs en 1871.




ALLEZ, MES JEUNES ANNÉES !


20 Août.


Je ne vous ai encore rien écrit de Kamouraska, je me réservais, ou plutôt je réservais à Kamouraska une