Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voluptés étranges qu’elle me prodigue, et qui réconfortent plus encore qu’elles ne débilitent.

J’ai fondu les trois volumes primitifs de « Chroniques, » dont la contenance et le format étaient inégaux, en deux volumes d’un format uniforme et d’un nombre de pages égal autant que possible, et je leur ai ajouté un volume de chroniques plus récentes et d’écrits inédits, que j’ai appelés divers, afin de ménager quelque illusion au lecteur déjà trop familier avec ma prose. — Maintenant, mon œuvre est finie, et j’ose appeler définitive cette nouvelle édition que j’offre à mes chers compatriotes, si singulièrement déniaisés depuis une quinzaine d’années. Qu’ils continuent à m’entourer de leurs précieuses prédilections et cherchent à adoucir pour moi les rigueurs de l’âge qui s’avance. Je les aurai fait rire pendant un demi-quart de siècle ; qu’ils m’empêchent de pleurer sur mes vieux jours. Pour cela, qu’ils aient moins souci de couvrir ma tombe de fleurs que d’éclaircir, de mon vivant, les rangs pressés des fournisseurs qui ont contre moi de vieilles notes flétries, jaunies et rances, mais toujours fraîches à leurs yeux. Accourez, mes compatriotes. Dans chacun de vous je contemple un souscripteur : soyez toujours dignes de ce beau nom.

A. Buies.
Montréal, 15 septembre, 1884.