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VOYAGES.

montagnes dont lescîmes couvertes de neiges éternelles, les épouvantables abîmes, les torrens furieux, les plateaux arides, les vallées inaccessibles, formaient aux yeux du public égaré plutôt que guidé par les récits de voyages, un tableau fantastique rempli de dangers et d’épouvante. On répétait de tous côtés qu’il était impossible de construire un chemin de fer au milieu de ces contrées inhospitalières, et qu’au lieu de se lancer dans de folles entreprises, il valait mieux s’occuper d’affaires plus pressantes et d’un intérêt plus direct. Heureusement pour l’histoire du progrès, il se rencontre des hommes qui ne reculent pas devant l’impossible, et l’Amérique, on peut le dire à sa gloire, est peut-être la terre la plus féconde en héros de ce genre.

En 1850, le vieux Thomas Benton présenta au congrès le premier bill relatif à l’établissement d’une voie ferrée se dirigeant vers le Pacifique. N’osant toutefois aborder de front le plan, jugé irréalisable, d’une ligne directe et non interrompue, il tourna la difficulté en proposant de construire la sienne dans les endroits praticables seulement, et de relier entre eux ces différents tronçons, dans les passages trop difficiles, au moyen de chaussées ordinaires. Ce bill, protégé contre l’oubli par l’autorité du nom de Benton et soutenu plus fortement encore par les événemens qui transformèrent si vite la Californie, finit par donner des résultats sérieux : en mars 1852, le congrès vota une somme de 150,000 dollars pour l’étude de la meilleure route à travers le continent du nord. Dans la même année, six expéditions différentes s’organisèrent sous la conduite des ingénieurs Steven, MacClellan, Saxton, Gunnison, Becwith, Wipple, Williamson et Pope. Elles furent suivies en 1854 de trois autres expéditions, le congrès ayant alloué une