Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/105

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Québec » avait été divisée en fiefs et seigneuries que le roi de France donnait gratuitement, dans la plupart des cas, à des officiers de la milice canadienne ou à d’autres personnes dont il voulait honorer le mérite, la valeur et les actions. Ces seigneurs, à leur tour, concédaient à des censitaires, appelés « habitants », des terres de leur domaine dont la contenance n’était jamais au-dessous de trente arpents, et assez généralement de 90, soit trois arpents de front sur trente de profondeur, en tout environ trente hectares.


On conçoit que ces seigneuries ne s’éloignaient guère de la rive des fleuves ou du voisinage des cours d’eau navigables, qui leur servaient de voies de communication pour les réunir entre elles. Afin de pouvoir se défendre contre les incursions des Indiens et contre les expéditions armées des habitants des colonies anglaises voisines, les colons de la Nouvelle-France, si peu nombreux, si faibles, si abandonnés à leurs propres forces, s’étaient massés naturellement dans l’espace compris entre le fleuve et les montagnes riveraines.

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Le mot de « colonisation » n’avait pas alors le sens ample et développé qu’il a de nos jours. Il avait un sens restreint et ne s’appliquait qu’à l’établissement des habitants les uns à côté des autres, et successivement, dans l’espace que nous avons indiqué ci-dessus. Au premier « rang » des terres ainsi juxtaposées et