Page:Buies - La Province de Québec, 1900.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réservait pour le commerce des fourrures et en faisait son domaine exclusif, en cherchant à perpétuer les préventions dont il était l’objet. D’autre part, la nécessité de conquérir le sol arable sur la forêt rebutait la plupart des colons canadiens. Il ne leur restait donc d’autre perspective que d’émigrer aux États-Unis, à moins que les gouvernements ne prissent la chose en main et facilitassent la colonisation de l’intérieur du pays par tous les moyens possibles, surtout par l’ouverture de communications et par des octrois d’argent fournis aux colons pour subvenir à leurs premiers besoins.


Mais cette question, en apparence très simple, était très compliquée. Elle était en outre nouvelle, et les gouvernements n’en savaient pas assez long à cette époque pour la régler. Elle devait l’être par les sociétés de colonisation et par le clergé, qui se mit à la tète d’un mouvement patriotique embrassant toute la province, et proposa aux fidèles la conquête de la terre comme le plus sûr moyen de gagner le ciel. Ce mouvement fut le point de départ de la colonisation effective des « Cantons de l’Est » et du territoire du « Lac-Saint-Jean », deux admirables régions agricoles qui n’en sont encore cependant qu’aux rudiments de leur prospérité.


XII


Après la conquête de la Nouvelle-France, les Anglais avaient respecté le régime de la tenure seigneu-