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Pendant près d’un demi-siècle les plus révoltants abus de la part des détenteurs du domaine public ont été perpétrés dans les « Cantons de l’Est », la région la plus voisine des États-Unis, et cela malgré la marche inéluctable du progrès, malgré l’ouverture des routes, la construction des voies ferrées et l’extension de l’agriculture, qui en était la conséquence. Tous les mémoires du temps, tous les rapports des comités spéciaux nommés par la Chambre pour s’enquérir des faits et de la situation sont remplis de constatations d’un état de choses parfaitement reconnu, mais inutilement combattu, à cause de l’apathie des hommes au pouvoir, et, dans plusieurs cas, de leur connivence.


Enfin, le clergé s’émut, prit en main la cause des colons, et une véritable croisade s’organisa pour empêcher les forces vitales du peuple canadien de s’écouler chez une nation étrangère. Dans une brochure publiée en 1851 et signée par douze missionnaires des Cantons de l’Est, on demandait énergiquement la suppression du monopole des terres, que l’on considérait comme la principale cause de l’émigration des Canadiens aux États-Unis, et l’on indiquait des solutions faciles, définitives de la question ; mais ce fut encore peine perdue, et tout l’effort des amis de la colonisation dut se porter vers d’autres parties de la province encore à peu près inconnues, regardées comme impénétrables, ou, du moins, comme n’offrant aucune espèce d’avenir ni d’équivalent pour les durs