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LA LANTERNE


No 3




Le mot d’ordre n’a pas été bien donné. Il y a des journaux qui ont parlé de la Lanterne. Commencerait-on à se fatiguer de l’ennuyeuse consigne du silence et se trouverait-il des rédacteurs assez indépendants pour chanter pouille à qui bon leur semble ?

Il est vrai que les premiers essais d’indépendance des feuilles selon le cœur de l’autorité ont donné lieu à des équivoques superlativement comiques, comme lorsque le Canada, s’imaginant parler de la Lanterne, dit « qu’elle ne contient pas un mot fin, mais pas un seul, pas un trait gai duquel on puisse dire ; « Tiens, voilà du neuf ! » pas une plaisanterie un peu allègre, un peu pimpante, un peu choisie, qui fasse penser, » — oublie que c’est son propre portrait qu’il trace, en employant pour d’autres ses plus vilaines palettes. Ô vérité ! comme tu te venges bien !

Mais voici qui est plus grave. Le Canada ajoute que la Lanterne « ne contient rien, rien, si ce n’est quelque impiété, quelques irrévérences envers le clergé, que le Pays avait omis jusqu’à présent d’étaler dans ses vitrines. »

Il est temps de s’entendre sur la signification de ces mots impiété, irrévérences envers le clergé. Rédigez-vous la Lanterne ? vous êtes impie. Rédigez-vous le Nouveau-Monde ? vous insultez les prêtres, vous travaillez à la ruine de la bonne presse, à la division des consciences. ( Minerve)

À force de chercher le secret de cette confusion, j’ai fini par découvrir qu’elle avait été imaginée exprès pour faire croire que la Lanterne est inspirée directement par l’évêché de Montréal.