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Messieurs, moi qui ai l’honneur de vous parler, j’ai fait à peu près trois mille lieues dans Québec et ses alentours ; aucun de ceux qui m’ont vu marcher ne contestera cela ; c’est même là dessus que d’excellents médecins se basent pour m’assurer que j’ai les jambes saines… eh bien ! malgré tout ce chemin parcouru, et malgré que j’aie bientôt trente-six ans, il est une chose à laquelle je n’ai pas encore pu m’habituer, c’est à cette série de cercles qui, comme des cercles concentriques, se resserrent de plus en plus autour de nous jusqu’au cœur de la ville. Il y a deux ans à peine, nous avions encore les portes ; maintenant elles sont abattues, paix à leur ombre ; la porte St. Jean seule s’est relevée moyennant trente-cinq mille dollars, et nous l’avons gardée comme un monument de notre architecture ; c’est de l’architecture cintrée ; on ne peut rien imaginer de mieux voûté que cette quadruple arcade où défilent voitures et piétons, et qui offre dans toutes les saisons un abri sûr, avec cette variété remarquable que, lorsqu’il fait très-beau au dehors, il pleut invariablement sous la porte St. Jean.

On s’étonnera toujours et la postérité ne nous pardonnera jamais de ce qu’on n’ait pas construit un dôme au-dessus de cette porte pour en compléter l’aspect monumental, comme cela s’est fait de tous les grands monuments historiques, depuis le Parthénon jusqu’à St. Pierre de Rome ; ce dôme eût donné une voûte de plus et aurait pu même servir d’observatoire d’où la vue eût plané sur tous les autres monuments qui embellissent les faubourgs. Au lieu de cela, voilà que nous allons tout démolir ; que deviendra l’art après cette perte ? Mais pour en revenir à ce que je disais tout à l’heure, les portes abattues, restaient encore les remparts, et après les remparts, les glacis, et plus loin, à quelques pas seulement, les barrières. Partout des obstacles, des étreintes, des resserrements. À peine est-on sorti de l’enceinte de la ville par une suite de