Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/192

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Les premiers colons de Jonquière ont eu à endurer toutes les peines, toutes les privations, toutes les fatigues qui ne manquent jamais d’assaillir ceux qui ouvrent de nouvelles terres ; mais il y a ici une circonstance particulière à signaler. À la Rivière-au-Sable, c’est une veuve, Marguerite Maltais, qui, accompagnée de ses deux jeunes garçons, pénètre dans la forêt, abat le premier arbre, construit la première cabane, et cela après que les premières tentatives de défrichement eussent été abandonnées par la société de colonisation. Bien des fois il lui fallut remonter le courage de ses deux garçons qui la pressaient et la suppliaient d’abandonner un lieu d’ennui et de misère. Mais, toujours pleine d’énergie, dérobant à ses enfants sa douleur et ses larmes, elle les consolait par l’espoir d’un avenir meilleur. Pendant quinze ans elle a pu voir se réaliser, petit à petit, ce qu’elle promettait à ses garçons dans leurs accès de découragement ; elle a vu se dresser autour d’elle les moulins ; les écoles, l’église, et de bons chemins s’ouvrir à travers les terres nouvellement défrichées. Aujourd’hui la paroisse de Saint-Dominique est une des grandes paroisses du Saguenay.

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C’est à la Malbaie que s’est formée la première société de colonisation du Saguenay, en 1847. Le futur évêque de Sherbrooke, Mgr  Antoine Racine, qui était alors vicaire de cette paroisse, alla lui-même demander au gouvernement un arpenteur pour fixer les limites du canton Jonquière, et M. François Têtu fut envoyé à cet effet sur