Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/222

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être obligés d’aller jusqu’à Chicoutimi pour faire moudre leur grain.

Voilà quels furent les commencements modestes et pénibles de la colonisation du canton Labarre. L’association avait retiré de ses actionnaires une somme de onze mille quatre cent quarante-six dollars, ($11,446.00) avec lesquels elle avait fait faire tous les travaux ; mais elle redevait encore au gouvernement $3,520.00, qu’elle n’était guère en mesure de lui payer ; néanmoins, la colonisation de la vallée du lac Saint-Jean était désormais une chose réelle, un fait accompli ; il ne manquait plus que des chemins pour assurer les communications, l’un entre le Lac et Chicoutimi ou la Grande-Baie, l’autre entre ces deux derniers endroits, et un troisième enfin entre le Lac et Québec même, la capitale de la province.

Terminons ce rapide exposé de la fondation d’Hébertville par les lignes suivantes empruntées au rapport présenté au gouvernement, en 1868, par M. Siméon Lesage, chef de cabinet aux Travaux Publics :

« Il faut avoir parcouru cet espace de trente-six milles qui s’étend entre Hébertville et Chicoutimi pour se faire une idée des misères et des fatigues qu’ont endurées les intrépides colons de ce pays jusqu’à ces années dernières. Il faut surtout avoir entendu de leur propre bouche les récits émouvants qu’ils en font. Dans les premiers temps, quand tout leur manquait, c’était à Chicoutimi et à la Grande-Baie qu’il leur fallait aller chercher leurs approvisionnements.

« Ces rudes commencements leur ont porté bonheur, la Providence s’est laissé toucher par tant de courage ; aujourd’hui ils