Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/244

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celui des Commissaires, la rivière suit un cours rapide, qui va s’élargissant au milieu d’un pays fort propre à la culture, couvert de frênes, de bouleaux, d’ormes, d’épinettes, de sapins et de quelques pins blancs ; puis viennent en succession de nombreux rapides que l’on peut franchir, jusqu’à ce qu’on arrive à la grande chute de 236 pieds, qui n’est pas à plus d’un mille du lac Saint-Jean, et à environ 200 pieds au-dessous du niveau du lac Ouiatchouane. Du pied de la chute jusqu’au Lac, la rivière n’est qu’un rapide continuel. Autrefois on y pêchait en abondance le poisson blanc, dès le commencement de l’automne, et l’on en prenait assez pour en faire commerce et pour l’exporter aux États-Unis, sans compter que les gens du poste de Métabetchouane et les Indiens en faisaient leur nourriture ordinaire jusqu’au printemps suivant.


III


Il n’y a guère plus de trente ans, c’est à peine s’il existait un chemin entre la Grande-Baie et le Lac ; dans les autres parties de cette région encore alors aux sept-huitièmes déserte, il n’y avait que des ébauches de routes, et quelques centaines de familles seulement y étaient établies. Aujourd’hui, la colonisation, se développant sans cesse, tend à enserrer le lac tout entier ; elle s’est avancée rapidement vers l’ouest par les cantons Normandin et Albanel ; la voilà maintenant qui envahit le