Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/245

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nord, et les vallées de la Péribonca et de la Mistassini vont déployer incessamment pour l’homme toute leur fécondité.




Le lac Saint-Jean est à trente lieues au nord de Québec, en ligne droite ; il est entouré d’un cadre de montagnes qui se rapprochent assez de ses rives du côté sud, et s’en éloignent jusqu’à 30 à 35 milles du côté nord et ouest. Ces montagnes formaient l’ancien rivage du lac. Il y a moins de neige au nord des Laurentides qu’au sud ; dès qu’on a dépassé la hauteur des terres, on sent presque aussitôt la différence ; le printemps y commence deux, et même trois semaines plus tôt qu’à Québec. Les montagnes, au nord de la vallée, ne sont pas aussi hautes que celles qui sont au nord-est ; voilà pourquoi le vent de nord-est y est à peu près inconnu, et, quand il souffle, il est toujours plus sec et plus léger. C’est que le vent de nord-est change de caractère en changeant de pays. Ce vent, qui est le fléau de la rive sud du Saint-Laurent, vient d’une étendue de mers dont la surface prolongée jusqu’au pôle le sature sans interruption d’humidité et de froid ; mais à mesure qu’on avance dans l’intérieur du pays, il diminue graduellement d’intensité ; il est plutôt sec qu’humide, plutôt léger et agréable que pesant et irritant. On dit que cela resulte de ce que le vent de nord-est n’arrive dans l’intérieur du pays qu’après avoir franchi un rempart de montagnes, où il a pris l’excellente habitude de déposer le plus lourd des vapeurs dont il était chargé.