Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/335

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pensée nette et précise, un but défini n’éclairent pas encore nos tentatives d’expansion. Mais dans cette marche confuse vers un avenir incertain, nous sentons qu’un dieu nous pousse, que nous n’allons pas à l’aventure et que ceux qui nous suivront verront plus clair autour d’eux et devant eux.




Notre pays n’est encore qu’une ébauche ; c’est à peine si nous en pouvons dès maintenant détacher ça et là quelques formes rudimentaires ; mais nous n’avons pas besoin de connaître l’étendue de la place que nous occuperons un jour, pas plus que le navigateur ne connaît l’étendue et l’avenir des terres qu’il est appelé à découvrir. Il suffit qu’il ait la foi et la volonté. À nous aussi la foi dans la destinée et la volonté suffisent ; inspirons-les aux générations qui viendront après nous ; nous leur lèguerons un pays déjà remarquablement ouvert et agrandi, que nous aurons reçu de nos pères misérablement défriché, ignoré sur la carte du monde et ne laissant rien soupçonner de ses incalculables richesses. Maintenant, que nos descendants remplissent une tâche indiquée et facilitée par nous. Ils ne sauront peut-être jamais quels efforts pénibles il nous en a coûté pour simplement jalonner notre route. Qu’importe ! La moisson sera pour eux, et ils auront encore à semer largement, et ils auront encore à parcourir un champ d’activité illimité, car bien des générations passeront avant que chaque acre de