Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/395

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Ce dessein, quelque vaste qu’il fût, rentrait dans l’ordre des choses dont l’avenir nous réserve l’accomplissement. Le corollaire nécessaire de l’établissement du Nord-Ouest et du nord des provinces d’Ontario et de Québec, c’est la construction d’une ligne directe entre les centres de l’Ouest et un port de l’Est, situé à peu près sous la même latitude, que ce soit sur le fleuve, ou dans le golfe, en deçà du détroit de Belle-Isle, ou enfin sur la côte du Labrador. Une ligne droite, tirée de Winnipeg à Halifax et passant par la ville de Québec, est plus courte de trois cents milles que la route suivie actuellement par le chemin de fer du Pacifique, outre qu’elle passe entièrement sur le territoire canadien. Voilà pourquoi la construction d’une ligne en droiture, entre les deux villes, s’imposera un jour comme une nécessité nationale. C’est ce que la Compagnie du Lac Saint-Jean avait parfaitement compris, et elle voulait faire de la voie projetée entre La Tuque et l’Abbitibi « l’extension » occidentale de la ligne qu’elle venait de pousser jusqu’au lac Saint-Jean et qu’elle allait bientôt mener à l’extrême est, jusqu’à Chicoutimi, centre principal de toute la région saguenayenne.

Mais des événements inattendus, d’une extrême importance, allaient surgir, qui devaient donner aux plans de la Compagnie une direction toute nouvelle ; un facteur inconnu, dont nul ne peut encore mesurer la force ni l’étendue d’action, apparaissait sur la scène où se déploient les deux immenses provinces d’Ontario et de Québec, en