Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/407

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Nous sommes donc ici en présence d’une entreprise qui a bien plutôt un caractère national qu’un caractère de spéculation privée : cela étant admis, on conviendra que cette entreprise doit s’inspirer de certains principes et être conduite d’après une méthode et suivant des considérations d’intérêt général. — Qu’on porte ses regards sur les origines de chacun des établissements successifs de notre province, on verra que la colonisation, suivant une marche naturelle et logique, a toujours commencé le long des rivières. Dès les premiers temps de notre histoire, elle s’effectue d’abord le long des rives du St-Laurent, et alors qu’il n’y avait pas une âme à vingt milles seulement dans l’intérieur, en arrière de Montréal, la ville de Détroit était fondée, sur la rivière de ce nom, à deux cents lieues plus loin. De nos jours, lorsqu’on eut jeté les bases des premières colonies qui s’étendent au nord du fleuve, en arrière des anciennes paroisses, c’est sur les bords de la Rouge et de la Lièvre que les colons se sont portés en premier lieu. Le choix de la route où devra passer une voie ferrée, dans le nord de la province, doit être le fruit d’une conception raisonnée, d’un plan réfléchi, basé sur la nature des choses, sur le cours que devra prendre de son côté la colonisation. Or ce cours semble tout indiqué d’avance. Il est celui que suivent les nombreux affluents qui viennent apporter le tribut de leurs eaux, soit au fleuve St-Laurent, soit à l’Outaouais, soit au St-Maurice. Ces affluents, de dimensions très variables, forment dans leur ensemble l’admi-