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québec en 1900

de Chinois en destination de Cuba, disait-on. Ils venaient dans les grandes voitures express de Campbell, par lots de vingt-cinq successivement, et on les dirigeait au fur et à mesure sur le quai de la traverse. Cette migration inouïe chez nous avait attiré, bien entendu, tous les curieux disponibles, lesquels forment une légion redoutable dans Québec, quand ils ont seulement le temps de se rassembler. Mais, cette fois, tout le monde avait été surpris très inopinément, en sorte qu’il n’y avait guère plus de 70 à 80 de nos excellents concitoyens, la bouche grande ouverte. Eh bien ! il suffisait de ce petit nombre de curieux, d’une vingtaine de cochers avec leurs voitures, stationnant sur la rue même, et d’une cinquantaine de Chinois descendant des express, pour arrêter complètement la circulation.

Quel singulier peuple que ces Chinois ! Personne n’en veut et l’on ne peut s’en passer nulle part. On les demande à cor et à cris et, en même temps, on veut les renvoyer ! Il leur suffit de passer pour causer de l’émoi et pour embarrasser les voies publiques. Et dire qu’ils sont quatre cent millions comme cela, en Chine, tous avec une queue derrière la tête ! Trois cent quatre-vingt-dix-huit millions de plus que de Canadiens ! Est-ce que c’est juste, cela ?

Mais ne craignons pas toutefois de les voir nous déborder. Nous allons bien, de notre côté, nous aussi. Nous sommes en pleine période de peuplement, de reproduction à outrance, et Dieu sait quand ça va finir et jusqu’où cela va nous mener ! Il s’agit de peupler de Canadiens tout le continent américain… le monde entier, quoi ! Il faut que nous allions jusqu’en Chine même. Puisque les Chinois viennent