Page:Buies - Québec en 1900, conférence, 1893.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

44
québec en 1900

services. Voyez-vous, quand il souffle, comme il aime à souffler dans ses bons moments, il retient le cap Diamant qui, lui, ne demande qu’à dégringoler, et fait de son mieux pour cela, avec la complicité du gouvernement fédéral. Il refoule le cap et l’empêche par conséquent de culbuter sur ce qui reste de maisons et d’habitants au Foulon. Sans le vent de nord-est, la moitié du cap au moins, après avoir tout écrasé dans une intéressante cascade, serait rendue aujourd’hui dans le fleuve et rendrait impossible le trajet de n’importe quel steamer. Allons donc avec circonspection dans les réformes, de ce côté-là.

VII

Messieurs, bien des causes ont retardé jusqu’à présent l’essor de Québec et l’ont empêché de devenir une grande ville, quand la nature l’avait fait pour cela et que tout semblait vouloir y contribuer. Mais je crois pouvoir signaler sans crainte, comme la plus funeste des causes l’absence d’esprit public.

« Chacun pour soi », « tirons notre épingle du jeu et que les autres s’arrangent ». Telle semble avoir été notre devise jusqu’à ces derniers temps. — Or, une ville ne peut espérer aucun progrès si chacun tire de son côté. Vous avez sans doute entendu exprimer souvent bien des indignations au sujet de l’égoïsme des grandes villes. C’est là un des préjugés les plus impardonnables que je connaisse. Les grandes villes ont un bien autre sentiment que les petites de la solidarité humaine et de l’intérêt bien entendu. Celui-ci ne peut exister et ne peut être satisfait au détriment