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Quand un état n’est qu’un appendice d’un autre état, qu’il n’a pas d’existence propre, qu’il est irresponsable aux yeux de l’étranger, il reste indifférent à tout ce qui peut le faire valoir, à tout ce qui peut agrandir son horizon moral, parce qu’il n’y a là pour lui ni profits ni honneurs ; tout revient à l’état qui parle en son nom, à la métropole. Une dépendance coloniale qui embrasse la moitié d’un continent, qui compte sept provinces, qui renferme quatre millions d’âmes formées à la vie parlementaire, trop grande pour n’être qu’un appendice, et qui, d’autre part, n’a même pas d’existence reconnue auprès des autres nations, voilà ce qui constitue une situation incroyablement étrange, situation qui, tous les jours, expose à des anomalies et fait naître des problèmes presque impossibles à résoudre.

Mais nous nous arrêtons sur la pente de pareilles considérations ; elles agrandiraient trop le cadre de la question que nous voulions simplement exposer. Nous pensons l’avoir fait sous tous les aspects qu’elle comporte, abordant même ceux auxquels elle se rattache, telles que les questions sociales et de politique indépendante ; nous laissons le lecteur entrer lui-même dans tous les développements et poursuivre les conclusions générales qui s’offriront à son esprit. Si nous ne pouvons atteindre dans la réalité le but que nous nous proposions, au moins nous l’aurons atteint dans l’esprit de nos lecteurs, et ce résultat peut suffire en attendant que les circonstances nous soient plus favorables.