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RÉMINISCENCES

suivi la mort sur la longue route où elle se transforme en immortalité. C’étaient Papin et Éric Dorion. Bientôt d’autres allaient suivre : Charles Daoust, Labrèche-Viger, Laberge, puis Wilfrid Dorion, Joseph Doutre, et enfin, pour couronner la série des vaillants disparus, l’honorable juge-en-chef A. A. Dorion.

La génération tout entière a été moissonnée en pleine force, en pleine maturité, sans qu’aucun de ses membres ait pu arriver seulement à l’automne de la vie, à l’exception du dernier que je viens de nommer, du juge-en-chef Dorion, dont le passage sur terre a été marqué par la pratique de toutes les vertus et l’exercice des plus nobles qualités. Malheureusement, il les a emportées toutes avec lui dans la tombe, n’ayant pas voulu en laisser une seule à l’usage de la jeunesse actuelle, qui en avait tant besoin !

De toute cette constellation éteinte il ne reste aujourd’hui que M. Rodolphe Laflamme, astre que rien n’amoindrit et qui brille solitaire dans son ciel déserté, comme ces soldats indomptables qui restent debout sur les champs de bataille, quand la déroute a tout emporté et tout balayé jusques au loin, à l’horizon.

Puisque je rappelle M. Rodolphe Laflamme, commençons ce chapitre de « réminiscences » par une anecdote dans laquelle il eut une part considérable, sans y avoir songé un instant, mais qui se présente tellement bien sous ma plume que je ne