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seaux nains, les gros cailloux, les troncs d’arbres renversés et les débris de la forêt qui forment des barrières sur son passage, mais bientôt elle s’est élargie, a pris son essor et a formé des baies charmantes que le chemin de fer contourne comme en les caressant.

Après avoir parcouru près de neuf milles à partir de la station Beaudet, nous arrivons à la station du club Stadacona fondé par le plus artiste des photographes, par notre concitoyen M. Livernois. Le club Stadacona a loué du gouvernement sur l’île du lac Édouard un domaine d’environ quarante milles en superficie, semé de lacs, au nombre de cinq, qui se suivent comme un collier détaché et se déchargent par la rivière aux Rognons dans la Jeannotte, laquelle porte leurs eaux accumulées à la rivière Batiscan. La voie ferrée passe au cœur même de ce groupe lacustre, en sorte qu’on pourrait pêcher chemin faisant si le train ralentissait convenablement sa marche. Le nombre des membres du club est limité strictement à douze ; il paie au trésor public cent dollars par année, mais il n’y a pas de limite à la contribution annuelle des membres qui, plus fortunés que les douze apôtres, ont déjà versé d’assez fortes sommes pour l’amélioration et l’embellissement de leur domaine.

Le long de la voie, nous apercevons encore quelques « campes » abandonnés dont les lambeaux de voiles, retenus aux montants enfumés, s’agitent avec fracas dans l’air que nous refoulons ; on voit qu’ils ont été laissés, comme ils ont été dressés, à la hâte, l’ouvrage se faisant si vite que les travailleurs n’ont guère le temps que de se monter à la course des abris provisoires ; on