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deux chaînes de hauteur, et qui n’a pas plus d’un demi-mille à deux milles de largeur, sur environ quatre-vingt-dix milles de long. L’étendue de cette vallée est par conséquent très restreinte, ne dépassant guère une soixantaine de milles en superficie, mais elle est d’une fertilité proverbiale, formée en maints endroits par des pointes d’alluvion qui produisent en abondance le foin et tous les grains que l’on récolte dans la vallée du St-Laurent. « C’est à peine si l’on pourrait trouver dans toute la province un sol plus fertile et plus productif que celui de cette vallée, » dit un ancien rapport du commissaire des Terres Publiques ; et pour mettre le sceau à la réputation de cet Éden national, citons le passage suivant du rapport d’un arpenteur de mes amis, en veine de poésie dithyrambique : « La Croche est certainement une belle rivière : semblable au serpent qui déploie mollement ses anneaux sur la plaine verdoyante, elle décrit ses longs détours qui reviennent et retournent nécessairement vers sa source, dessinant dans la vallée unie et richement boisée qu’elle fertilise les contours sinueux de son paisible et capricieux cours… »

Il est inutile, n’est-ce pas, messieurs, d’aller plus loin dans la direction du nord, et d’aborder les vallées de la Trenche et de la Windigo. Ce qui nous importe, c’est surtout la région complètement inhabitée aujourd’hui, qui s’étend entre la Batiscan à l’est et le St-Maurice à l’ouest, depuis la rivière Croche au nord, et au sud, les Piles, qui sont le point d’aboutissement actuel du chemin de fer des Basses Laurentides ; cette région contient une superficie d’environ 850,000 acres sur