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quelle joie et quel triomphe ce serait pour vous et pour moi, et combien nous nous glorifierions ensemble d’être les prédécesseurs de ceux qui un jour feront triompher dans toutes les provinces britanniques et dans les États de la Nouvelle-Angleterre leur langue, leurs coutumes, le caractère et le génie dictinctif de la nation dont nous sommes le plus vigoureux rameau.

Messieurs, il nous est permis de dire, en présence des merveilles accomplies, de son miraculeux accroissement à l’encontre de toutes les forces humaines conjurées pour l’abattre, que le peuple canadien est un autre peuple de Dieu, inaperçu à l’origine, essaim chétif de quelques familles jetées, il y a près de trois cents ans, sur des côtes inhospitalières, au sein d’une nature barbare, souffrant à son berceau de toutes les privations, de toutes les cruautés du sort, environné constamment de mille dangers qu’il lui faut combattre tous les jours, quand il a à peine la force de vivre, et, malgré tout cela, croissant et multipliant, grandissant et se fortifiant, se développant, s’étendant dans toutes les directions, inondant le continent entier de ces étranges et indéfinissables précurseurs qui s’appellent les « coureurs des bois, » et s’élançant, lui à peine capable de protéger ses propres foyers, jusque dans les plus lointaines solitudes d’un monde inaccessible à tout autre qu’à un peuple de missionnaires, à un peuple qui portait dans les haillons de son berceau un immense et glorieux avenir !

Messieurs, il est écrit que notre pays, pour mériter ses grandes destinées, doit passer d’abord par l’épreuve