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fondeur, transporteront soit les voyageurs, soit les touristes, soit les colons de ces contrées à un endroit quelconque à l’ouest, à l’est ou au nord du lac, et tiendront ainsi constamment en communication les uns avec les autres des hommes qui n’en ont eu aucune jusqu’à présent. En même temps la Compagnie établira un train du matin qui permettra aux cultivateurs de toutes les paroisses, qui se trouvent sur le parcours de la ligne d’ici à St-Raymond, de venir vendre leurs produits au marché en chemin de fer, et non plus dans des voitures où ils auront passé toute la nuit, afin d’être rendus à la ville d’assez bonne heure pour écouler leurs charretées de provisions.

La rivière à Pierre, point d’aboutissement actuel des trains réguliers, n’existait absolument que de nom il y a deux ans ; c’était une rivière baptisée par un Pierre quelconque, et coulant dans la forêt, voilà tout. Aujourd’hui on y voit les usines (work shops) que la Compagnie a fait construire, et deux maisons de pension où se retirent les employés de la ligne et les quelques rares voyageurs qui vont jusque là l’hiver. En outre, dans le canton Bois, que cette rivière traverse, 67 lots ont été concédés à des colons, au prix de 50 à 75 centins l’acre, et une quinzaine de défrichements entrepris à grand’peine sur un sol peu propre à l’agriculture. On voit çà et là, tristement, misérablement, percer à travers la forêt quelques cabanes de défricheurs faites de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres, et recouvertes d’un toit bas, écrasé, s’élevant très légèrement en pointe, et troué au plafond afin de donner passage au tuyau du petit poêle intérieur qui ne