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messe de l’aider et de ne la point abandonner…, et de ne la laisser point manquer…, et avoir soin d’elle… Quelques femmes avouent que ce fut sans aucune promesse ou sous promesse de la récompense. Celles qui peuvent signer sont une faible minorité.

Les séducteurs sont, pour la plupart, des soldats (Vive l’Amour, Jolie Fleur, etc.), des marins, des domestiques, et des membres du personnel théâtral. Dans l’inventaire qui a été publié en 1919, je relève les noms de Camardo, musicien au concert (1738), François Aubert, comédien (1739) ; François Grenier, premier violon de la Comédie (1741), Jacques Imbergue, faisant partie d’une troupe de sauteurs (1743) ; Matterre, machiniste (1744) ; Louis Cadet Guillou, danseur de la troupe de Hus (1747) ; Meunier, musicien de la troupe de Deshayes, à La Rochelle (1750) ; Barrière, comédien de la troupe de Devals (1755) ; Chambault, mêmes fonctions (1757) ; Charles Grouin, machiniste (1775) ; le comédien Vidini (1783).

Parmi les femmes, nous rencontrons surtout des servantes (en particulier des négresses, esclaves ou libres), des lingères et des comédiennes. Sont comédiennes : Marie-Angélique Pezé, de la troupe de Meriac, fille du défunt comédien Jacques-François Pezé (1754, l’amant est un musicien) ; Marie Souliers, dix-neuf ans (1777, l’amant est le marquis de Cadouche, capitaine de cavalerie) ; Marie-Augustine Finet, dix-sept ans, qui vient de s’engager à Bruxelles pour jouer la comédie (1778) ; Marie-Jeanne-Baptiste de Morancourt, séparée depuis six ans de son mari, le comédien Édouard des Rozée (1783, l’amant est un volontaire de la marine, à Lorient) ; la demoiselle Guérin, première chanteuse, et la dame Destival (1783) ; la demoiselle Marchand (1787).

Les servantes des comédiens sont particulièrement exposées, à en juger par cette liste : servantes d’Aubert (1739), de Foulque, séduite par le premier violon (1741) ; de Hus l’aîné, séduite par un machiniste (1744) ; de Mlle Chambault, séduite à Saint-Malo où se trouvait la troupe de Devals (1757) ; de Mlle Pezé (1773), de Mlle du Belloy, séduite par le cuisinier du comédien Beauval (1773) ; de Mlle Verdier (1788).

Signalons enfin la fille de Lavoye Dumont, comédien du roi à Paris (1755).

Il serait intéressant de savoir si d’autres villes ont conservé des registres analogues et quelle place y tient le monde du théâtre.

Dans les registres de Nantes, une seule déclaration est circonstanciée ; elle émane d’une servante, qui affirme avoir été violée par son maître, le comédien Aubert, alors que sa femme et lui se rendaient de Nantes