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en voyant le spectre, parlait lentement, distinctement et faisait une impression formidable. La scène où Hamlet exige de sa mère qu'elle jure sur l’urne de son époux était très belle, bien qu'elle eût gagné à être jouée un peu plus au milieu du théâtre. Surtout les intonations douces exci- taient l'admiration, lorsque Hamlet parlait au spectre, ou lorsqu'il disait à Gertrude évanouie :

Votre crime est énorme, exécrable, odieux, Mais il n’est pas plus grand que la bonté des dieux.

Son dialogue avec Claudius, quand celui-ci veut donner sa fille à un autre, était plein d'expression et de force. Quand Gertrude rappelle que « nos jours sont un passage vers des jours nouveaux », le regard qu'Hamilet fixe sur elle avant de lui répondre « Madame, je le sais », était également d’un grand effet.. Bref, Talma, dans ce rôle, surpassa l'attente de Jelgerhuis.

Par contre, il se montra parfois inférieur à lui-même et à bien d’autres. Jelgerhuis le trouva assez mauvais dans Zaïre où il jouait Orosmane. Le seul passage admirable était le vers qu’il adressait à Corasmin, après la sortie de Nérestan :

Il soupirait.…. ses yeux se sont tournés vers elle, Les as-tu remarquésd

Dans Gaston et Bayard, la beauté de quelques passages, comme la réplique de Bayard à Altémore :

Si je meurs par un crime, L'assassin tremblera, mais non pas la victime,

ne dédommageait pas du reste. L'ensemble était faible, net- tement inférieur, en maints passages, aux acteurs hollan- dais. Dans Hamlet même, quelques détails choquaient.