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à l’Arsenal, et son créateur recevait, en 1927, une croix de chevalier de la Légion d’honneur, depuis longtemps méritée. Jusqu’en janvier 1934, il ne cessa point d’augmenter son trésor jusqu’à son dernier jour il achetait, il faisait dépouiller des journaux, constituer de nouveaux dossiers. « I! y a là-bas, nous dit sa dévouée collaboratrice, M°~ HornMonval, une énorme quantité de documents tout prêts à prendre place dans nos cartons », fruit d’un labeur passionné que seule la mort put interrompre.

Comment appeler l’oeuvre tout à fait originale qu’il a créée ? Bibliothèque est peu juste, car il a réuni bien autre chose que des livres Collection suggère une idée, encore plus fâcheuse et plus fausse, « de montre et de vanité » Archives paraît le terme le plus convenable, celui qui répond le mieux à la pensée d’Auguste Rondel, à l’esprit dans lequel il faisait lui-même les honneurs de ses richesses. Car son désir était avant tout d’être utile aux chercheurs à les renseigner, à les guider, à leur suggérer des points de vue nouveaux, à leur simplifier surtout la besogne, il apportait non seulement toutes ses connaissances de « théâtrophile averti, mais encore son sens pratique d’homme d’affaires, son talent réel d’administrateur indépendant, volontiers frondeur à l’égard des scolastiques et des bureaucraties. Aussi avait- en matière de classement, des idées à lui, que certains jugeaient parfaitement hérétiques, mais qui se révélaient, à l’usage, tout à fait ingénieuses et fécondes. Soit dit sans exagération aucune il a créé une méthode que pourraient adopter avec fruit toutes les bibliothèques spécialisées, tous les centres de recherches méthode souple et vivante, parce qu’elle part non du fait administratif et purement comptable de l’entrée, de la «prise en charge », mais des besoins mêmes de la recherche, des grandes idées