Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°1-2.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

–8–

de droit exclusif, et qui n’en pourroit point accorder, parce que ces sortes de permissions sont toujours sauf le droit des tiers, auquel il n’est pas permis de toucher et il est si vrai que ces permissions n’ont point de droit exclusif, que le Parlement de cette province l’a toujours décidé de même toutes les fois que la question s’est présentée A quoi Hébrard et Loinville répondaient qu’ils ne faisaient qu’exécuter le privilège dont ils étaient pourvus dans les provinces de Guyenne et de Languedoc, que tout devait se mesurer sur ce privilège et à l’extension donnée pour Marseille par le sieur Berger. La sentence fut rendue par les Échevins le 2 octobre elle interprétait le privilège dans le sens le plus large et le plus conforme au désir du public en permettant à Hébrard et Loinville de faire représenter l’opéra dans la salle ordinaire pendant tout le temps et aux termes portés par le consentement du sieur Berger, enjoignant à la demoiselle Legrand et au sieur Granier de la leur rendre libre dans trois jours défense leur était faite en même temps d’avoir dans leur orchestre plus de six symphonistes, et aucun danseur et chantre à gages, en conformité des règlements et-arrêts du Conseil rendus à ce sujet (1).

Prévoyant les conséquences de cette décision et voulant ménager les protecteurs des comédiens, les Échevins avaient, le 29 septembre, écrit au marquis de Mirepoix la lettre suivante

« Le directeur de t’opéra de Languedoc s’est présenté à nous pour obtenir tla permission de la (sic) mener en cette ville pendant l’hiver prochain mais comme la Provence n’est point comprise dans son privilège, nous la lui avons refusée, malgré l’empressement du public à lui donner la préférence sur ta comédie cependant comme ce directeur pourrait obtenir un privilège exclusif, et qu’en ce cas nous ne saurions le renvoyer, nous prenons la liberté de vous informer, Monseigneur, de la conduite que nous avons tenue et devons faire envisager celle où nous nous trouverions engagés par le privilège exclusif en faveur de l’opéra. » (2).

C’était très habilement prendre les devants, car il fallait bien prévoir que tes comédiens n’accepteraient pas de ga!té de cœur d’être jetés à ta porte. Ils ne tardèrent pas en effet à se plaindre les Échevins recevaient, le 16 octobre, de l’Intendant de La Tour, une lettre leur demandant des explications (Cf. Annexe 4) les comédiens, et surtout leur chef Froment, (1) Arch. Mun. Marseille, FF Règ. 13, fol. 23). (2) Arch. Mun. Marseille, BB 27t, fol. 146 v°.