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tMPRtMERtEA. PONTEMPS. ––LÎMOGE8

son bonhomme en jaquette, dont la « boule » aux mèches rares s’adorne d’un. visage parfaitement porcin enfin les six petites marionnettes à gaine de M. Temporal, d’une fantaisie si joyeusement extravagante. A côté de cette t f:s comica » exubérante que l’on retrouve dans les animaux articulés-de M"~ Claire Carnat il faut signaler les effets tout opposés, mais non moins intenses, obtenus par M. Blattner avec ses ingénieuses marionnettes à tringles, qu’il manie en virtuose, et dont certaines sont tragiques. Qui n’a pas -vu apparaître, grelotter, sangloter, se courber, se traîner, s’écrouler sa « Misère », ne soupçonne probablement pas ce qu’on peut créer de poignant avec un morceau d’étoffe brune d’un pied carré et une fort schématique figure de carton. L’escalier et la salle du premier étage abritaient une sorte de rétrospective internationale Casperl, Pulcinella et son cousin français. Punch et son épouse Judy, Petrouchka le Russe, y voisinaient avec Guignol et Gnafron, avec le dévergondé Kharageuz et les étranges silhouettes des marionnettes javanaises, idoles aux magies redoutables. Dans cette collection, particulièrement captivante pour l’historien, ne manquait même pas l’hilote ivre, pour ainsi dire on peut estimer qu’il tenait un peu trop de place, mais il était bon que des erreurs comme le « Menuet de la mariée)’ ou le « Retour de Christophe Colomb » fissent voir que des acteurs de bois peuvent avoir l’air aussi sots que s’ils étalent vivants. Cette déviation de l’art de la marionnette comportait une utile leçon un seul exemple, toutefois, aurait peut-être suffi. On pourrait regretter aussi que la marionnette populaire du Nord ait été trop pauvrement représentée les cabotans picards ne se montraient pas sous leurs aspects les plus caractéristiques et, sauf une ou deux figures de Liège et d’Anvers, la marionnette belge était à peu près absente. Pourtant il existe à Bruxelles une fort vivante société, sœur de celle qui organisait cette jolie exposition. Ce n’est là évidemment qu’un accident, et nous sommes loin de croire qu’on ait tenu personne à l’écart, de parti pris. Mais cet accident prouve une fois de plus combien les gens que-réunit un commun amour d’un art auraient intérêt à se mieux connaître, à nouer des rapports plus suivis, à lier plus étroitement, plus fraternellement leurs efforts.