Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/128

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

procureront aux habitans de beaucoup de contrées, ce bienfait serait immense, et aura un effet considérable sur leur genre de vie, leur santé, leur multiplication et leur mortalité. Il en résultera donc des avantages encore bien plus grands lorsqu’on pourra ainsi se procurer le moyen de vivre bien dans un pays réputé jusqu’ici misérable, inculte ou sans arbres et sans champs.

Je suis arrivé à la fin de mon énumération rapide des progrès de la géologie dans ces dernières années. Si je n’ai pas pu en former un tableau complet, au moins vous pouvez savoir par cette espèce de simple catalogue raisonné, que la science a avancé d’un pas rapide et ferme. Si la paix, ce besoin pour la prospérité des sciences, reste au monde civilisé, il est difficile de se faire une idée des pas de géant que la géologie fera d’ici à dix ans. Chaque jour voit naître de nouvelles sociétés ; chaque jour de nouveaux pays s’ouvrent aux recherches des savans, ou voient s’établir chez eux la culture des sciences : c’est donc un problème qui devient toujours plus compliqué, et dont les termes s’augmentent en outre-graduellement.

Parmi toutes les associations géologiques, la nôtre, accueillie si fraternellement par tous les savans de l’Europe, pourra jouer un rôle important dans l’avancement de la science, pourvu que le cœur de ce corps batte toujours avec l’énergie, l’activité et le talent nécessaires.

Redoublons donc d’ardeur, chers confrères, ne négligeons aucune occasion de réchauffer le zèle de nos collègues non résidans. Réalisons promptement ces vœux de congrès géologiques réguliers. L’Allemagne et la Suisse nous ont devancés dans cette utile innovation ; l’Angleterre a l’air d’en comprendre le besoin. Nous, au centre de ces pays, nous paraissons appelés à réunir en un tout ces assemblées éparses jusqu’ici. Quel moment plus favorable pour la réalisation d’un pareil plan ! Depuis Cadix à Pétersbourg, du fond de l’Écosse en Grèce, un seul esprit semble animer les peuples, et surtout les générations généreuses de la jeunesse. Les limites politiques, la différence de langage et de mœurs, tout est plus ou moins effacé et tend à s’évanouir tout-à-fait. Nous sommes tous les enfans de l’Europe, quoique sous un soleil différent et sous des gouvernemens divers. Oui, ce temps heureux des congrès de géologie arrivera, et ils procureront à la géologie des moyens de recherche extraordinaires, et en accéléreront prodigieusement les progrès. C’est dans ces espérances que j’achève ma tâche, me flattant que mon zèle désintéressé vous a fait passer sur les fautes de cette esquisse.


───────