Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de terrains très nouveaux et qui entrent dans le groupe que Desnoyers a si judicieusement établi sous la dénomination de terrains quaternaires. Ce sont, ainsi que moi-même je l’avais avancé dans mon mémoire sur Vienne, des formations intermédiaires entre les anciens terrains tertiaires parisiens et les formations que je suppose (à bon droit, je crois) se déposer encore dans les bassins des mers actuelles. Seulement ici j’ai retrouvé les dépôts pélasgiques, contemporains des dépôts littoraux, dont le crag de Norfolk, les faluns de Touraine, du Cotentin, ceux de Dax, du littoral de la France méridionale, du bassin de Vienne en Autriche, etc., sont des exemples.

Aussi la pierre de Malte, les argiles qui alternent avec les bancs calcaires, ont-elles, par leurs caractères généraux, par leurs facies, la plus grande analogie avec certaines parties des terrains secondaires, au point qu’un géologue qui s’en rapporterait aux caractères minéralogiques des roches, à la puissance des bancs, à la manière d’être des fossiles, etc., pourrait se croire sur les côtes de la Normandie ou de l’Angleterre. Il trouverait sans peine. les glauconies crayeuse et grossière, le green-sand, l’iron-sand, les argiles de Dives, celles d’Hornfleur, le calcaire de Caen, le coral-rag, etc., etc. ; mais sous des bancs presque entièrement composés de débris de polypiers, de térébratules, de plusieurs espèces d’oursins, et même d’encrines ; il verrait des sables et des argiles qui enveloppent les coquilles subapennines roulées, les grandes dents de squales, des os de lamantins, et peut-être même de mammifères, etc. Au milieu de ces dépôts de sédiment, on trouve plusieurs fois des bancs, ou plutôt des masses étendues de polypiers en place ; et le sommet ouest de Malte et de Goze est un banc de polypiers de plus de 25 pieds d’épaisseur qui a l’aspect caverneux et la consistance de nos meulières, ou plutôt du calcaire siliceux ; je l’avais pris d’abord pour un dépôt de calcaire traversin ; mais je me suis assuré que son origine est marine et qu’il est dû au travail des polypes. J’ai retrouvé également, autour de ce témoin d’un sol qui avait une bien plus grande étendue, les marques du séjour prolongé de la mer à différend niveaux, observation analogue à celle que j’ai déjà eu l’occasion de faire dans le bassin de Vienne, où j’ai indiqué une ligne horizontale à plus de 200 pieds au-dessus du Danube, le long de laquelle les roches calcaires sont percées par des mollusques lithophages…

J’ai retrouvé dans la bibliothèque de la cité Lavallette les débris des collections faites par Dolomieu ; ils étaient oubliés depuis bien des années, et l’abbé Bellanti, homme aussi éclairé qu’obligeant,