Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/118

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ce calcaire avec celui du val di Noto, qui lui-même n’est pas semblable, peut-être, à celui de Syracuse. J’ai recueilli un grand nombre de notes, de dessins, d’échantillons, afin de pouvoir discuter cette opinion des alternances des basaltes et des calacaires. À Millili, j’ai visité le gisement du dussodyle qui se trouvent contact des roches volcaniques boueuses et des calcaires plus récens.

Malgré la saison avancée, et grâces aux bonnes directions de MM. Gemellaro, notre course à l’Etna a été heureuse. Il faisait très froid, et de sept que nous étions, je suis arrivé, moi troisième, au bord du cratère, malgré la neige et les vapeurs qui se disputaient l’honneur de nous arrêter. Le reste de la caravane a été forcé de rester dans la maison de M. Gemellaro. J’ai marché sur une petite coulée qui, dans le mois de mars dernier, est sortie par la bouche même du cratère. Je me suis particulièrement attaché à recueillir les produits d’époques différentes, et à constater les effets des influences postérieures aux diverses éruption.

De Catane à Messine, la route est très intéressante. Aux environs de Taormine commence un nouveau système de roches anciennes sur lesquelles reposent encore les formations récentes dont la brèche de Spallanzani fait partie, selon moi ; car, malgré. le désir que j’aurais eu de trouver dans cette roche un dépôt qui continuerait à se former, les faits que j’ai observés me forcent à croire que Spallanzani a été trompé par les apparences, comme plusieurs personnes du pays le sont encore.

À Messine, j’avais retrouvé le brick : j’espérais pouvoir faire avec lui mon excursion dans les îles d’Éole ; mais le capitaine m’a fait craindre qu’il ne lui fût impossible de débarquer, et surtout de rester dans ces parages dangereux, si la mer devenait mauvaise. Je me suis décidé en censéquence à partir pour Melazzo, afin de prendre une barque qui pût me conduire d’une île à l’autre ; pendant huit jours j’ai été retenu par les vents. Heureusement que la presqu’île de Melazzo m’a offert des faits tellement curieux que je n’ose en parler sans avoir des pièces de conviction à faire voir en même temps. Cette presqu’île est formée par trois pitons de roches anciennes (pegmatite, gneiss, granite) que recouvre un calcaire quaternaire. Mais, ces roches inférieures ont été évidemment bouleversées à une époque postérieure au dépôt du calcaire, qui les a pénétrées jusqu’à une profondeur de plus de 200 pieds dans tous les sens ; de manière que dans beaucoup de cas il est difficile de décider si c’est le calcaire qui à pénétré les roches feldspathiques, ou bien si ce sont celles-ci qui ont passé