Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/241

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des êtres marins dans le voisinage de ces volcans sous-aqueux ; ce qui pourrait expliquer la réunion sur un petit, nombre de points, de bancs de poissons frappés d’une mortalité spontanée et simultanée. On apprécierait peut-être l’une des principales causes du développement de certaines classes amies d’une haute température, comme paraissent être les polypes coralligènes qui entourent de leurs produits tant d’îlots volcaniques de l’Océan austral. Ce sont autant de questions qui, soulevées par l’étude des terrains volcanico-marins pourraient être éclairées ou résolues par l’étude des volcans sous-marins actuels ; et sans doute on prendrait sur le fait la formation des basaltes, des trachytes, des gypses, des dolomies, du sel gemme, du soufre, etc.

L’histoire conserve et la nature actuelle offre de nombreux témoignages de l’existence de ces sortes de volcans, tels que les îles Santorin, dont la principale éruption est du commencement du dix-huitième siècle, une partie des îles Lipari, quelques unes du golfe de Naples, une partie de celles des Açores, des Canaries, des Antilles, ces nombreux îlots à lagunes centrales, de l’Archipel austral, etc. Mais ils ne se manifestent pas toujours par l’éruption au-dessus du niveau de la mer, d’un sommet cratériforme : ce ne paraissent être, le plus souvent, que des fumerolles sulfureuses si connues dans l’Archipel grec, des dégagemens de vapeurs, des jets d’eau, ou des sortes de trombes marines, des oscillations des eaux, des bancs à fleur d’eau, des crêtes de roches sous-marines, des eaux fortement colorées, etc., etc.

Enfin ce sont des volcans qui tendent à devenir extérieurs : ce qui a donné lieu à diverses théories de soulèvement, d’éruption, et même de séparation complète de masses flottantes, comme on le voulait croire de Santorin. Rarement les géologues ont eu occasion d’observer l’instant précis où le terrain volcanique sortait des eaux, et d’en étudier les premiers phénomènes. Cette circonstance, qui s’était présentée en 1811 : pour l’île de Sabrina, dans les Açores, s’est reproduite en juillet 1831 dans la mer de Sicile, et vous savez l’intérêt général qu’elle a excité. Ce phénomène arrivait d’autant plus à propos que jamais l’esprit des géologues n’avait été plus diversement dirigé vers la question des soulèvemens, et qu’il était important de reconnaître s’il y avait là soulèvement ou éruption.

L’îlot volcanique qui a surgi dans le commencement de juillet, entre l’île volcanique de la Pantellerie et Sciacca, sur la côte occidentale de Sicile, a été presque aussitôt observé par un célèbre géologue prussien, M. F. Hoffmann, par plusieurs voyageurs de la