Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/255

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d’animaux vivans plus modernes qui y seront morts, telles que le passage plusieurs fois répété et interrompu d’eaux courantes, qui auront charrié les premiers limons par les fentes supérieures, qui en auront ensuite entraîné et mêlé de nouveaux.

Mais en restreignant la question des cavernes, à celle des ossemens humains qu’on y a quelquefois rencontrés, n’est-il pas évident que le doute devient plus nécessaire encore ? Combien de fois ces lieux n’ont-ils pu servir de sépultures, de retraites ou passagères, ou même durables, aux diverses races d’habitans qui se sont succédé sur le même sol, et, s’il est permis de le dire, même à un géologue, en stratification discordante ! L’histoire, même celle des temps modernes, en a conservé de nombreux témoignages, et les persécutions religieuses, depuis celle du druidisme, sous Claude, jusqu’à celle du calvinisme, au seizième siècle, les guerres d’invasion, les luttes de la féodalité, ont été autant d’occasions qui auront pu rendre les cavernes des lieux de refuge, si même il n’en est pas qui aient servi d’habitations à des races d’une civilisation moins avancée. De ces grottes, les unes (Bize, Sommières, Mialet, Breingues, Paviland), étaient en partie déjà remplies d’ossements de mammifères ; les autres (Durfort, Ussat, et la plupart des cluseaux du Périgord), étaient vides quand les os humains y on t été délaissés.

Ce sont encore les objets d’industrie trouvés avec les ossemens de quelques cavernes et annonçant un état social assez barbare, qui ont porté plusieurs géologues à faire remonter jusqu’au berceau de la société, et même au-delà des temps historiques et dans l’obscurité des dernières périodes géologiques, les ossemens humains trouvés avec ceux des ours et des hyènes, dont on les a supposés contemporains.

Or, messieurs, le témoignage de Florus que j’ai cité à la dernière séance, me semble d’un grand poids dans cette discussion. Florus, parlant des habitans de la Gaule méridionale, à l’époque où César en fit la conquête, c’est-à-dire cinquante ans avant notre ère, il y a dix-neuf siècles environ, dit au sujet des moyens barbares que César employa pour les soumettre : Les Aquitains, race prévoyante et rusée, se retiraient dans les cavernes, César ordonna de les y enfermer. Aquitani, callidum genus, in speluncas se recipiebant, jussit includi. (Florus, lib. III, cap. 10. Edit. de Duker, pag. 519.)

Il est inutile de faire de longs commentaires sur le récit aussi positif d’un écrivain qu’on n’accusera certainement pas de partialité ; mais si l’on ajoute à ce témoignage l’habitude de plusieurs