Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des os travaillés, de petits outils de silex, objets d’une industrie plus grossière que les précédents.

Les crânes humains, mesurés par M. Teissier, lui avaient présenté une dépression de haut en bas et un allongement d’avant en arrière, qu’il regarda d’abord comme un caractère de race et comme offrant certaines analogies avec les races nègres ; mais il a bien reconnu depuis que cet aplatissement était artificiel, soit qu’il provînt de l’usage de porter des fardeaux sur le crâne, soit qu’il dût être attribué à une compression produite dès l’enfance, usage constaté chez plus d’une peuplade sauvage. Tous les autres caractères de ces têtes ont indiqué la race caucasique.

M. Teissier a distingué, avec une très grande précision, les différentes périodes qui semblent pouvoir être reconnues dans les débris dont cette grotte a été remplie. 1o une époque anté-diluvienne pour les ours, dont l’espèce est actuellement perdue, et qui peuvent s’y être succédé en plusieurs générations, ou bien y avoir été poussés en grand nombre à l’époque de quelque grand cataclysme ; 2o une époque de civilisation peu avancée (gauloise) pour les hommes, dont les ossemens sont accompagnés d’objets d’une industrie fort grossière. Il peut v avoir eu séjour prolongé, refuge en temps de guerre, ou sépulture : c’est à cette dernière opinion que s’est arrêté plus volontiers M. Teissier ; 3o une époque romaine indiquée par les vestiges d’un art plus perfectionné, et qui peut avoir présenté les mêmes circonstances que la période gauloise. Quant au mélange des ossemens d’ours et d’homme, il ne prouve nullement leur contemporanéité, puisqu’il est évident que les uns et les autres n’ont pu vivre en même temps dans cette grotte ; et en admettant, comme il est impossible de s’y refuser, que la lampe, la figurine, les bracelets ne sont pas antédiluviens, ce serait tout-à-fait arbitrairement qu’on les séparerait chronologiquement, par un grand cataclysme, des objets plus grossiers qui les accompagnent et se sont retrouvés seuls dans d’autres cavernes. Le mélange dans les parties où il existe paraît donc s’être opéré ou par l’action d’un cours d’eau, ou par l’excavation artificielle d’une sépulture dans le limon primitivement ossifère.

La plupart de ces objets précieux font maintenant partie du Musée de Nîmes.

§ 15. — Le nombre des cavernes à ossemens dont les découvertes se sont si rapidement multipliées en France, ne paraît pas être moins grand en Belgique.

M. Sauveur, de Liége, vous a fait connaitre que le nombre de celles découvertes aux environs la même ville, par