Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/303

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M. Boblaye ; mais vous vous souviendrez, messieurs, de l’intérêt que vous a présenté son Itinéraire de Napoli à Égine, et la description du vallon d’Épidaure, et cette observation, que les temples consacrés en grand nombre à Esculape, dans la Morée, étaient, suivant le précepte de Vitruve, la plupart situés sur le bord de sources d’eaux vives et pures, mais nullement minérales ; comme si leur salubrité, leur fraîcheur, au milieu d’arides montagnes, étaient regardées en elles-mêmes comme un remède efficace, comme un bienfait des dieux.

La description de l’île d’Égine par M. Boblaye vous a montré, dans la partie méridionale des trachytes, au centre des calcaires compactes et dans le nord des terrains tertiaires composés de marnes vertes, de calcaire grossier, de conglomérats trachytiques et de calcaires lacustres : il reconnaît trois époques dans les révolutions plutoniques de cette ile, dont la plus récente date très probablement des temps historiques, et est contemporaine de l’éruption du volcan de Méthana.

Ces différentes périodes de redressement des chaînes de la Morée coïncident avec celles que M. de Beaumont, d’après l’étude de la direction des chaînes, les observations et l’examen des échantillons rapportés par MM. Boblaye et Virlet, a fait coïncider avec plusieurs âges des chaînes de France et d’Italie.

M. Boblaye avait déjà, en 1829, adressé quelques observations géologiques sur la Morée qui ont été insérées dans le Bulletin des sciences naturelles (octobre 1829). Aux premiers aperçus géologiques, M. Boblaye avait joint des considérations relatives à la géographie physique, s’appliquant avec le plus grand soin à constater les relations de la topographie et de la géognosie de la nature du sol avec son relief.

§ 57 bis. — Avant ces travaux de M. Boblaye, la géologie de la Morée n’était connue que pour quelques points de la Messénie, et hormis les environs de Modon et de Navarin, qui furent décrits presque en même temps par un autre membre de cette société, par M. Virlet, dans une lettre adressée à l’Académie des sciences, tous les autres résultats de M. Boblaye sont aussi nouveaux que piquans.

Quoique les premières observations de M. Virlet n’aient pas été communiquées à la société, comme elles forment avec les précédens mémoires à peu près les seules notions positives que nous possédions sur la géologie de cette contrée si classique pour, l’antiquaire et si neuve pour le géologue, il ne sera sans doute pas sans quelque intérêt d’en retracer ici les principaux résultats.