Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/304

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Dans le bassin de Navarin et de Modon, M. Virlet a décrit, outre des dépôts alluviens et diluviens, un calcaire tertiaire à nombreuses coquilles marines, la plupart analogues à celles encore vivantes sur les mêmes rivages, et parmi lesquelles se trouve la même huître-gryphée que M. Rozet a rapportée d’un calcaire analogue d’Oran en Barbarie. Ce terrain tertiaire couvre les sommités des collines qui bordent les vallées de ces deux villes ; M. Virlet a reconnu en outre un système puissant atteignant au-delà de mille mètres de hauteur, formé de bancs inclinés et alternant plusieurs fois, de calcaires compactes et schisteux, de psammites, de jaspes, de phtanites, d’argiles, et surtout de pouddingues en masses énormes. Ce terrain, qui n’a présenté à M. Virlet ni minéraux, ni fossiles, se prolonge au-delà de la vallée de l’ancienne Messénie.

Sans rapporter aussi nettement que l’a fait depuis M. Boblaye, à la formation du green-sand, cet ensemble de couches, et particulièrement la grande masse des poudingues à ciment siliceux du grès vert, qui forment la plus grande partie de la Messénie, toutefois M. Virlet les distingua nettement d’autres amas considérables de poudingues à ciment calcaire observés par M. Boblaye dans le nord de la Morée, où ils s’élèvent également jusqu’à 2,000 mètres, et que plusieurs géologues regardent comme tertiaires ; le fait le plus piquant de l’histoire de ces poudingues de la Messénie, plus anciens que ceux du nord de la Morée, est leur intime liaison par alternances avec les autres systèmes de la formation crayeuse et du green-sand ; il en résulte que cette dernière grande formation avait déjà subi des dislocations et des modifications importantes avant son dépôt complet, puisque les galets, les sables et les cimens appartiennent également au terrain du grès vert, au milieu duquel ces poudingues se trouvent intercalés avec une puissance de près de 1,000 mètres.

Je ne puis vous parler des autres observations recueillies par M. Virlet durant un voyage de près de deux ans tant en Morée que sur les côtes de l’Asie mineure, à Smyrne, à Constantinople, dans les Cyclades ; il se propose de les communiquer successivement à la société, et déjà il lui a fait don d’une collection des principales roches anciennes de la chaîne du Taygète.

Les autres travaux réunis des deux géologues français attachés à l’expédition purement scientifique de Morée, destinés à être insérés dans la relation que dirige M. le colonel Bory Saint-Vincent, augmenteront les notions que nous leur devons déjà sur ces contrées.