Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on voit au contraire les mêmes espèces de corps organisés fossiles persister eux-mêmes, malgré la diverse nature des couches qui les renferment. Le moyen de reconnaissance le plus fixe semble à M. Deshayes devoir l’emporter sur tout autre, et tandis qu’une période minéralogique est, selon lui, inadmissible, les périodes zoologiques sont seules naturelles et susceptibles d’être limitées. La succession des terrains en présente évidemment plusieurs auprès desquelles la période actuelle peut servir de terme de comparaison ; les gisemens contrastans, la dislocation des couches peuvent, ainsi que la différence minéralogique, être des accidens locaux : les changemens d’organisation au contraire tiendraient à des lois plus générales, et seraient seuls propres à faire envisager sous un point de vue philosophique les révolutions que la surface du globe terrestre a subies.

Ces raisonne mens ont porté de nouveau M. Deshayes à conclure qu’il n’y avait point de géologie possible sans zoologie, conclusion diamétralement opposée à celle de M. Boué, et qui mettrait un peu brusquement hors de la science les travaux des de Saussure, des Dolomieu, des Werner, des Deluc, et d’autres géologues qui ne furent point zoologistes.

M. Deshayes a montré aisément le peu de réalité de cette objection, que l’emploi incorrect et erroné du caractère zoologique devait prémunir contre l’importance du caractère même ; mais il en est de plus sérieuses, de plus philosophiques, et que ne peuvent se dissimuler les naturalistes même aux yeux desquels ce caractère conserve le plus de valeur. Il en est une surtout laquelle on n’a point encore répondu, quoiqu’elle se fonde sur l’examen attentif de la nature actuelle et sur les considérations les plus rationnelles et les plus simples. Je veux parler de l’impossibilité de préciser l’étendue géographique et les limites chronologiques de ce qu’on voudrait nommer exclusivement une période zoologique.

En comparant, comme le fait M. Deshayes lui-même, à l’époque actuelle les périodes antérieures, ne pourrait-on pas demander quels seraient les moyens de reconnaître et d’identifier comme contemporains et membres d’une seule période les fossiles des couches qui se forment aujourd’hui sous les différentes latitudes, dans les différens bassins de mers, de lacs, de fleuves, sous l’influence des énormes courans sous-marins, sur les rivages, dans les profondeurs ? Et si ces dépôts venaient à être mis à sec par une des grandes catastrophes qui semblent avoir limité les plus importantes formations, d’après quelles données pourrait-on regarder comme contemporains les débris de marsupiaux de la