Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les vagues rendaient sur elles-mêmes en s’élevant de 12 à 15 pieds lorsqu’elles frappaient le rivage, à 30 pieds sur notre gauche ; ces vagues semblaient s’élancer en vapeur dans l’atmosphère ; à une pareille distance à droite, la mer semblait briser sur un banc qui se serait étendu à plus d’un mille au large. Les marins pensèrent, d’un commun accord, qu’il y aurait imprudence à tenter le débarquement dans ce moment.

Nous n’étions qu’à 40 brasses de l’ile, je pus bien à cette distance me convaincre qu’au moins, pour la partie que nous avions sous les yeux, l’île était formée de matières meubles et pulvérulentes (Cendres, Lapilli, Scories), qui étaient retombées, après avoir été projetées en l’air pendant les éruption.

Je n’aperçus aucun indice de roches solides soulevées ; mais je reconnus bien distinctement l’existence d’un cratère ou entonnoir presque central, duquel s’élevaient d’épaisses colonnes de vapeur, et dont les parois étaient enduites d’efflorescences salines blanches.

Deux marins gagnèrent l’île à la nage ; et s’élevèrent jusqu’au bord du cratère, marchant sur des cendres et des scories brûlantes, et au milieu des vapeurs qui s’exhalaient du sol ; ils nous annoncèrent que le cratère était rempli d’une eau roussâtre et bouillante, formant un lac d’environ 80 pieds de diamètre. Parmi les morceaux rapportés, je trouvai un fragmens de calcaire blanc, ayant tous les caractères de la dolomie.

Dans la nuit du 28 au 29, nous fûmes portés par des courans vers les côtes de Sicile, et nous nous trouvâmes le matin à plus de 6 milles du volcan, sans pouvoir en approcher davantage. Le calme étant survenu, un canot fut de nouveau mis à la mer vers dix heures ; j’avais fait mes préparatifs, fait disposer des bouteilles, des flacons, des boites de fer-blanc, nous primes des thermomètres, et une machine faite à bord pour puiser l’eau à différentes profondeurs.

Les observations faites les 26, 27 et 28 par le capitaine, M. Lapierre, l’ayant convaincu que le nouveau volcan n’est pas placé sur le point où Smith indique dans sa carte marine le banc de Nerita ; qu’au contraire, cet îlot volcanique est situé sur un fond qui avait 5 à 700 pieds d’eau, nous pensâmes ensemble qu’il y aurait de graves inconvénients pour les marins à donner à la nouvelle, île le nom de Nerita qui a déjà été proposé ; et, comme le phénomène à paru dans le mois de juillet, nous convînmes de désigner la nouvelle île sous le nom de Julia, nom sonore, dont la terminaison italienne et harmonieuse peut facilement être adoptée par les habitans