Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/327

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avec cristaux de feldspath blanc, qui parrainent intimement liés aux eurites, dont ils ne sont probablement qu’une modification ; car les variétés porphyroïde et granitoïde contiennent toujours une certaine quantité d’amphibole en cristaux ou en petites lames, disséminée dans la masse. À mesure que cette substance augmente, la roche prend une couleur de plus en plus foncée ; quand elle vient à dominer, on a un porphyre noir (mélaphyre). C’est dans les environs de Gérardmer, le long du cours de la Valogne ; dans la vallée de Banc-sur-Meurthe, à une lieue plus au N.-E. que l’on peut le mieux observer le passage des eurites aux porphyres noirs qui sont très abondans dans ces localités. Des Diorites compactes et granitoïdes, des Hémitrènes et des Trapps en filons ou en masses subordonnées dans la formation granitique. comme les Eurites, accompagnent ces roches, surtout dans le voisinage des syénites à feldspath rose, aux environs de Sainte-Marie, ballon d’Alsace, etc. Enfin des leptinites, des pegmatites granulaires et des hyalomictes avec cristaux de tourmaline, forment aussi des filons ou des masses subordonnées dans cette même formation.

Un fait digne de remarque, c’est que les eurites et les porphyres, ainsi que les roches qui les renferment, ont souvent éprouvé une décomposition plus ou moins complète dans le voisinage des surfaces de contact, décomposition qui s’étend quelquefois à plus d’un mètre de distance dans les deux roches.

Quand on étudie avec détail les eurites, les porphyres, les diorites, etc., on voit qu’ils forment une infinité de veines se ramifiant dans les quatre roches principales (granite, granite amphiboleux, gneiss et syénite) suivant toutes les directions ; mais quand on examine les masses, les gros filons, qui ont jusqu’à vingt mètres de puissance, on remarque qu’ils suivent une direction à très peu près perpendiculaire à l’axe de la chaîne, et qu’ils s’amincissent à mesure qu’ils s’éloignent de la crête. J’en ai observé plusieurs dont les directions faisaient avec le méridien des angles de 70° et 74°. C’est sur les flancs et au pied des hautes montagnes que ces roches sont le plus abondantes ; les vallées qui divergent des ballons d’Alsace et de Servance en sont remplies, dans celle de la Moselle elles forment toutes les collines et les montagnes jusqu’à une certaine hauteur, depuis une demi-lieue en avant de Saint-Maurice jusqu’aux sources de la Moselle. En montant au ballon par la route de Belfort, on rencontre, jusqu’à moitié de la hauteur, plusieurs variétés d’eurites associées à des diorites et des hémithrènes ; ces roches sont les mêmes que celles que l’on trouve dans toute la formation granitique ; elles sortent ici du milieu de