Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/425

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C’est particulièrement le désir de voir la caverne de Cusy, et d’y juger cette hypothèse de Dolomieu, qui détermina le voyage de MM. Fourier et de Thury. Ces cavernes sont composées de vastes chambres à des niveaux différens, et dans lesquelles on ne pénètre que par des essais souvent difficiles. Quoique les chambres dont M. de Thury donne la description soient revêtues de toutes parts de stalactites, cependant on y aperçoit par place le calcaire compacte crétacé. Il présente à sa surface des corps saillans qui pointent ça et là. Il semble qu’un puissant agent ait dissous la masse calcaire en laissant à sa surface des corps irréguliers, insolubles ou plus difficiles à dissoudre. En les étudiant avec soin, on y reconnaît tantôt des rognons siliceux, et tantôt des corps organisés parmi lesquels on distingue des Ammonites, des Trochites, des Cardites, des Térébratules, des Ananchites, des Caryophylites, etc.

M. de Thury dit que de toutes les cavernes qu’il a visitées dans les Alpes, aucune, celles des eaux d’Aix exceptées, ne lui a présenté d’une manière plus évidente ou mieux caractérisée les preuves de l’action érosive d’un grand courant qui aurait usé et sillonné les murs de ces cavernes avec l’action desséchante la plus puissante, et en même temps avec la force du surgissement le plus violent ou le plus impétueux ; aussi n’hésitèrent-ils pas un moment, M. le baron Fourier et lui, d’admettre, comme Dolomieu, la supposition d’un grand courant, qui aurait surgi des entrailles de la terre avec impétuosité, lors du grand tremblement de terre dont les Beauges présentent des caractères si fortement prononcés dans la dislocation, la bouleversement et le soulèvement de leurs hautes montagnes calcaires.

Après avoir visité les cavernes de Cusy et fait diverses observations sur la température de chaque chambre et celle du bassin du dernier étage, M. de Thury porte ses recherches sur les sables aurifères et gemmifères du Chéran, qui coule au-dessous de l’entrée de ces cavernes.

« Les orpailleurs de Rumilly ont reconnu et bien constaté que le Chéran ne roule point de sables aurifères au-dessus de ces cavernes, d’où s’est répandue cette opinion généralement admise dans le pays :

« 1o Que ces sables ont été autrefois rejetés des entrailles de la terre par ces cavernes ;

« 2o Que les chambres d’où ils proviennent ont été scellées et condamnées il y a plusieurs siècles ;

« 3o Que les paillettes que l’on recueille encore dans le Chéran